Je suis absolument confondue à la lecture de certains articles dans les journaux européens et de la polémique concernant l'interdiction du port de la burqa et du hijab. Les propos démontrent clairement une méconnaissance totale de la part des journalistes et de certaines autres personnes du principe de la laicité française.
Je viens de découvrir dans Presseurope un article écrit en juillet 2010 par Madame Andrea Roedig (Dr.), philosophe, écrivain et journaliste, sous le titre "La Burqa une autre croix à porter" (titre original: Das Kreuz mit der Burqa). Madame Roedig déclare entre autre "En Europe, en effet, l’interdiction de la burqa
s’inscrit nécessairement dans un contexte de concurrence entre l’islam et la
culture chrétienne."
Parler de "... concurrence entre l'islam et la culture
chrétienne" pour commenter l’interdiction de la Burka ou du hijab, c’est
juger une situation sans en connaître les tenants et aboutissants. Il n'y a pas à avoir de concurrence entre deux religions, il ne s'agit pas de ça du tout. Ce n'est pas une interdiction de la religion qu'il s'agit mais de certaines coutumes qui n'ont pas lieu d'être dans mon pays la France. La laïcité est en quelque sorte l'espace public neutre qui garantit la liberté de religion, mais ne donne pas pour autant droit à ses manifestations dans le domaine public; dont notamment le port de vêtements dissimulant le visage de personne, la prière dans la rue.
Mme Roedig semble oublier que cette interdiction n’est pas née uniquement
dans l’esprit de nos politiciens mais est aussi plébiscitée par une grande partie de
notre population qui ne peut plus accepter que des musulmans vivant sur son
territoire ne veuillent pas se conformer à nos lois et nos coutumes laïques, et
que ces mêmes musulmans continuent leurs pratiques soit disant religieuses dans
l'espace public. Soit dit en passant, des musulmans qui ne connaissent pas le
principe de réciprocité car si nous européens voyageons dans les pays
musulmans, sous peine d’expulsion ou de lourdes peines de prison, nous femmes occidentales sommes forcées de nous conformer à leur
lois. Je trouve tout à fait normal de respecter les lois et les coutumes du
pays hôte mais sans avoir besoin d’être menacée d’expulsion.
Mais Mme Roedig ne prend pas en compte le fait que la France est un état
laïque et qu'il y a bien séparation de l'état et de l'église et je doute fort
que l'on trouve des crucifix pendus dans les administrations publics et dans
les écoles qui ne sont pas privées. Ceci dit, je n’ai jamais rencontré durant
les 4 dernières décennies, un seul européen (et je ne parle pas du reste du
monde) qui comprenne véritablement ce qu’est la laïcité pratiquée en France.
Selon Mme Roedig, « l’Occident ne peut pas non plus insister sur la
misogynie de l’islam, dans la mesure où les femmes sont interdites de ministère
dans une de ses principales églises ». Mme Roedig semble de nouveau
ignorer que 1) toute la population féminine occidentale n’est pas catholique 2)
de nouveau le débat ne se situe pas dans l’église mais sur la place publique 3)
depuis des décennies nous les femmes nous battons pas à pas pour l’égalité des
droits, et des libertés, 4) cette même égalité des droits et des libertés ne
semble pas être accordée par l’islam à ses femmes, par conséquent OUI nous
pouvons et devons insister sur la misogynie de l’islam quand cet islam va
elle-même se placer sur la place publique !
Je laisse à Mme Roedig l'entière responsabilité de ses propos sur la dite croix comme
"symbole raffiné", je ne suis pas croyante et je n'ai pas à juger de
l'une ou de l'autre des religions. Quant à parler d'incohérence culturelle, Mme
Roedig, s’il vous plaît révisez votre copie !!!
« Un grand nettoyage laïc serait un appauvrissement et une mise sous
tutelle séculaire ». Là je suis interloguée!! Mme Roedig est allemande, issue d’un pays en majorité
luthérien (d’où la petite pierre jetée dans le jardin catholique), religion qui
a longtemps opprimé les femmes (tout autant que l’église catholique) et qui a
fait naître également un puritanisme dont on connaît les ravages. Madame, je le
redis, révisez votre copie. Ne mélangez pas tout, et surtout n’oubliez pas que
tous les européens n’ont pas la même sensibilité.